Ciel gris, humidité, tunnel de l’hiver, même si les jours commencent à rallonger une certaine fatigue s’installe avant la remontée de sève du printemps. C’est le moment de redécouvrir notre capacité à ressentir et à nous émouvoir, ce qui fait de nous des êtres vivants.
Sortir du mental et du rationnel de la machine et entrer dans la dimension corporelle et émotionnelle de l’humain. Dans notre époque où l’intelligence artificielle est partout présente, où elle prend de plus en plus de place, je vous invite à renouer les liens avec votre être, votre essence.
L’essence dans le sens de ce qui est le propre de l’homme et aussi dans le sens du carburant, ce qui fait avancer. Les émotions ont justement ce rôle. Elles sont dans la nature même de l’homme et elles le mettent en mouvement. Émotion et mouvement ont la même racine latine. Les émotions sont à l’origine de nos réactions et de la plupart de nos comportements. Les observer, les accueillir permet de mieux se comprendre, se respecter et agir de façon adaptée.
Contrairement à ce que pourraient encore penser certains, les émotions ne sont pas des signes de faiblesse. Elles sont plutôt à classer du côté de la finesse, de la subtilité. S’émerveiller devant un tableau, un paysage, c’est être sensible à la beauté, au raffinement. Avoir de la compassion, c’est accordé de la place à l’autre. Être anxieux incite à être prudent, à l’écoute de tous les signaux. Toutes ces émotions sont de vraies forces.
C’est cette dimension sensible qui a permis à Steve Job d'enclencher la transformation qui a fait la réussite d’Apple. Penser l’ordinateur comme un objet de décoration, le téléphone comme un outil raffiné suppose d’introduire une dose de sensibilité. De même, faire appel à l’émotion dans le storytelling donne envie aux autres de se mettre en mouvement, de vous suivre.
Alors, dîtes « bonjour, bienvenue » à vos émotions et soyez à l’écoute de leur manifestation corporelle (chaleur, tension, pression, picotement, démangeaison…). Chaque émotion se traduit par des ressentis corporels. La peur va couper le souffle, la tristesse nouer la gorge, la colère tendre les muscles, la joie accélérer le rythme cardiaque… Chaque sensation est un indice que quelque chose se met en mouvement.
Vous ne pouvez pas passer votre temps à vous observer, votre côté rationnel vous rappelle que vous avez des choses plus importantes à faire. Et puis, que faire de ces observations ? Comme pour beaucoup de sujets, c’est une question de motivation et d’envie d’apprendre.
Les émotions, la sensibilité, je les ai souvent rejetées. Mon éducation et mon côté cartésien me faisaient penser qu’une femme forte devait pouvoir toujours tout assurer. Être performante sur son lieu de travail, être présente pour sa famille, faire en sorte que l’intendance suive par tous les temps, être disponible pour ceux qui en ont besoin… Pas le temps d’avoir des états d’âme, d’être malade, ni même de respirer.
Jusqu’au jour où je décide de tenter l’expérience du shiatsu pour soulager quelques tensions et où le praticien me dit : « la leçon numéro un est de penser à respirer ». Et là, je découvre que dans les moments de concentration, de sollicitations intellectuelles intenses, je suis en apnée. Je découvre aussi que les tensions sont bien plus nombreuses et douloureuses que je ne le sentais. Je suis déconnectée de mon corps.
En parallèle, je connais quelques tensions avec mes coéquipiers, en particulier une personne avec laquelle je suis au bord de la rupture. Un atelier de codéveloppement me permet de comprendre que je n’ai pas su aller à la rencontre de cette personne, faire preuve d’empathie. Ce qui est normal puisque je n’en ai pas pour moi-même. Je choisis de tenter d’emprunter la route de l’empathie, de laisser de la place au sensible. Notre relation s’en trouve transformée et la personne devient un des éléments moteurs de l’équipe.
Aujourd’hui, je pratique régulièrement la méditation pour me connecter à mon souffle et mes sensations corporelles. Ces sensations me ramènent vers le moment présent. Pendant ce temps, mon cerveau conscient se calme et laisse de la place à l’inconscient. Je reçois des informations que je prends le temps d’écouter et d’explorer ensuite. J’ai ainsi développé mon intuition, ma sensibilité à l’invisible. J'élargis mon champs de perception des informations.
Lorsque je suis en rendez-vous avec un client en étant pleinement présente à lui, je perçois ses sensations, ses émotions. Elles alimentent mon intuition sur les schémas de pensée en place. Je les lui partage et cela provoque souvent un moment de bascule. Il prend conscience de son mode de fonctionnement inconscient. Le processus de transformation se met en place. Une étape est franchie. Les émotions nous ont relié et l'ont mis en mouvement intérieur.
Et vous, à quelles occasions, vos émotions, votre sensibilité vous aident-elles à vous mettre en mouvement, à voir plus loin ?
Sensiblement vôtre,
Valérie
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